En Algérie, un vendredi de la colère décisif
Tableau représentant le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, symbole de son absence. TSA
« Finalement, il nous libère et on va le libérer. Je suis sûr que depuis son lit d’hôpital, conscient ou dans son monde, il entend nos cris contre lui et cela le soulage car il se dit : “Je vais enfin pouvoir rester allonger et mourir en paix !” Finies les sorties aux monuments aux martyrs en chaise roulante, la tête dans les genoux, alors qu’il est lui-même devenu martyr de la mafia au pouvoir, de sa propre famille. »
Mohand fait partie de ces Algériens qui pensent, dans un sérieux mouillé d’humour, que « c’est la fin de la fin de Toutankhamon », qu’Abdelaziz Bouteflika pourrait rester dans la clinique suisse où il est – hasard du calendrier – hospitalisé depuis dimanche 24 février pour des examens médicaux « de routine » alors que l’Algérie se soulève massivement contre sa candidature à un cinquième mandat. Soit un « hirak » (mouvement) inédit et majeur en vingt ans de règne par son ampleur, son intensité et son développement grâce aux réseaux sociaux.
Bébé de l’indépendance, quand le FLN était redouté, pas un canal de gérontocrates, puis jeune adulte traumatisé par la guerre civile au détour de ladite décennie noire qui a fait 200 000 morts, 20 000 disparus, Mohand, 57 ans, s’est surpris avec ses proches à investir vendredi 22 février le centre d’Alger pour la première grande manifestation dans la capitale et à scander au milieu d’une marée humaine pacifique « Ni Bouteflika, ni Saïd [le frère du président algérien – ndlr] ! », « Système, dégage ! ».
Abonnez-vous pour continuer la lecture
à partir de 40 dh par mois
(facturé annuellement)
Choisir une offreLe Desk a été le premier à révéler
©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.

