Le militant ouïgour Aishan risque toujours l’extradition vers la Chine
Un an après son arrestation à l'aéroport de Casablanca, Yidiresi Aishan, le militant ouïghour accusé par Pékin d’appartenir à un groupe terroriste, est toujours menacé d'extradition du Maroc vers la Chine, apprend-on d'une note d'Amnesty International.
En cas de renvoi en Chine, Aishan risquerait de « graves violations des droits de l'homme, y compris la détention arbitraire, la disparition forcée, ou la torture et d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », ont déclaré 45 organisations de défense des droits humains.
Pour rappel, en juillet 2021, à son arrivée au Maroc sur un vol en provenance de Turquie, Aishan a été arrêté sur la base d’une notice rouge d’Interpol émise à la demande de Pékin, « pour appartenance à une organisation terroriste ».
En décembre 2021, la Cour de cassation de Rabat a émis un avis favorable sur la demande d'extradition, malgré l'annulation par Interpol en août 2021 de l'avis rouge émis contre Aishan, au motif qu'elle violait son statut de demandeur d’asile auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
« Depuis cette décision, la publication d'un décret d'extradition par le premier ministre marocain est la seule étape séparant Aishan de l'extradition », s’inquiète Amnesty International.
La publication d'un tel décret contredirait les obligations internationales du Maroc, y compris la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont l’article 3 stipule qu’ « aucun État partie n'expulsera, ne refoulera, ni n'extradera une personne vers un autre État où il y a des motifs sérieux de croire qu'elle risque d'être soumise à la torture ».
Lorsqu'il vivait en Turquie, Aishan aurait fourni une aide à la traduction à d'autres Ouïghours en exil et aurait aidé à recueillir des témoignages sur les violations des droits de humains au Xinjiang , révèle la note d’Amnesty ajoutant qu’ « en tant que membre de la communauté ouïghoure et compte tenu de son activisme, Aishan serait confronté à de réels risques de torture et d'autres mauvais traitements ainsi qu'à une détention arbitraire prolongée s'il était renvoyé de force en Chine ».
À la demande de MENA Rights Group and Safeguard Defenders (MRGSD), le Comité des Nations unies contre la torture (CAT) a envoyé une demande de mesures provisoires aux autorités marocaines le 20 décembre 2021. Ainsi, afin d'éviter un préjudice irréparable à Aishan, les autorités marocaines ont reçu l'ordre de « ne pas extrader le plaignant [Aishan] vers la Chine pendant que sa demande est soumise à l’étude par le Comité ». A ce jour, le Comité n'a toujours pas rendu sa décision finale.
À la lumière de ce qui précède, « les autorités marocaines devraient annuler la procédure d'extradition contre Aishan et le libérer de sa détention d'un an, qui, en l'absence d'un contrôle judiciaire régulier, d'une évaluation individuelle et de motifs crédibles, pourrait être considérée comme arbitraire » ont déclaré les associations coalisées au sein du MEGSD.
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