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22.07.2023 à 08 H 25 • Mis à jour le 05.08.2023 à 01 H 04
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Football

Mondial féminin: les Lionnes contre Goliath

Après son exploit de la CAN 2022, l’équipe nationale féminine remet ça lors de la Coupe du Monde en Australie et en Nouvelle-Zélande. Crédit: MAP
Les Lionnes de l'Atlas entament leur aventure en Coupe du Monde face à l'Allemagne, ce lundi 24 juillet (9h30) à Melbourne. Une première excitante, mais un baptême de feu compliqué pour l'équipe nationale

L’Allemagne vice-championne d’Europe et championne du Monde en 2003 et 2007 qui affronte le Maroc, petit-poucet qui découvre la compétition, c’est David contre Goliath. Avec la même grande ambition, les Lionnes de l’Atlas rêvent de gloire et fidèles à elles-mêmes, les Allemandes ne feront pas de cadeau.


Sur le papier, la simple comparaison inquiète. L’Allemagne domine le football féminin européen depuis le début des années 90 en remportant à huit reprises l’Euro féminin. Au-delà du palmarès et de l’expérience qui joue clairement en faveur de l’adversaire, la mentalité allemande en compétition officielle a de quoi faire trembler les jambes. Car s’il y a bien une nation réputée de gagner avec des grands scores, c’est bien la Mannschaft, en foot masculin, comme en foot féminin.


L’Allemagne a déjà battu le Kazakhstan 17-0 en 2011, alors que tout récemment, en éliminatoires du Mondial de septembre dernier, c’est en battant la Bulgarie 8-0 à l’extérieur que les Allemandes ont confirmé leur statut d’ogre du foot féminin européen. Nos Lionnes de l’Atlas sont donc prévenues, et savent qu’en cas de panique due à l’enjeu, l’addition risque d'être salée.


Mais dès qu’il s’agit déjouer les pronostics quand il est sujet de ballon rond, le Maroc sait faire, et l’histoire récente le prouve. Au Qatar, comme à Tanger contre le Brésil, les Lions ont appris à ne plus baisser les yeux face aux grands pour inspirer les générations.


Les yeux dans les yeux

Il n’existe aucun autre moyen de faire jeu égal avec les Allemandes, que de les défier sans le moindre complexe. Face à la Zambie en match de préparation pour le Mondial vendredi dernier, l’Allemagne s’est inclinée à la surprise générale (3-2). La 5ème nation au classement FIFA est humaine, fait des erreurs et peut perdre ses repères.


La Zambie demi-finaliste de la dernière Coupe d’Afrique des Nations remportée par l’Afrique du Sud aux dépens du Maroc montre la voie aux Lionnes de l’Atlas. Bien qu’il s’agît « juste d’un match amical », la machine allemande a calé face à l’envie de gagner des Zambiennes qui découvriront à leur tour la Coupe du Monde, dans un contexte de protestation dû au non-versement de leurs primes depuis plus de 2 ans.


Ce n’est donc un secret pour personne, encore moins pour le sélectionneur Reynald Pedros qui considère que le deuxième tour « serait quelque chose de fantastique  ». Pour espérer intimider l’Allemagne d’entrée, il faudra jouer tous les coups en faisant preuve de concentration, de respect et d’un peu de « Niya ».


« On a eu des réunions avec Walid Regragui pour qu'il nous parle de cette épopée en Coupe du Monde. Il a parlé aux joueuses de tout ce qui était état d’esprit, toutes ces choses qui leur ont permis d'aller soulever des montagnes », racontait le sélectionneur à la FIFA lors d’un entretien dans lequel il est longuement revenu sur ses ambitions avec les Lionnes de l’Atlas.


« On sait qu'aujourd'hui l'Allemagne, la Corée et la Colombie sont contents de jouer contre le Maroc. À nous de leur montrer que ça ne va pas être si simple que ça et qu'on va tout faire pour se qualifier. Si on se met dans la tête qu'on est capables de le faire, on va être capables de le faire », explique Pedros en évoquant l’état d’esprit des adversaires qui affrontent un « rookie » de la Coupe du Monde, qui découvrira son ambiance pour la première fois. Car c’est bien avec « beaucoup de fierté » de représenter la nation et les femmes africaines et arabes, que les Lionnes abordent leur aventure en Australie et en Nouvelle-Zélande.


Un discours qui rejoint celui de la capitaine emblématique de l’équipe nationale, Ghizlane Chebbak. Inspirée par la performance des Lions de l’Atlas au Qatar, c’est avec une mentalité de guerrière qu’elle entamera l’aventure.


« On n’oubliera jamais la Coupe du Monde au Qatar. Tout le monde au Maroc a regardé, que ce soit les anciens, les hommes, les femmes ou les enfants. Ils ont rendu tous les Marocains heureux. Ils ont atteint un stade de la compétition auquel personne ne les attendait. Ils nous ont inspirées et on va essayer de faire ce qu'ils ont fait et d'aller loin dans le tournoi », a déclaré à la FIFA, l’héroïne et meilleure joueuse de la CAN 2022.


« Fierté et de responsabilité »

« Jouer la Coupe du Monde me donne un sentiment de fierté et de responsabilité. Je donnerai tout ce que j'ai pour que le football marocain soit fier  », promet Chebbak qui compte sur le soutien des Marocains, comme ils l’avaient fait en battant des records d’audience lors de la CAN 2022, dont la finale a connu la présence de plus de 55 000 supporters, record absolu du football féminin arabe et africain.


« Les supporters marocains nourrissent une passion incroyable pour le football, comme nous les joueuses et les joueurs. Alors, on va tout faire pour leur donner du plaisir », ajoute-t-elle, consciente de la difficulté de sortir du groupe des « Vice-championnes », le groupe H.


Le tirage au sort a prévu des matchs compliqués pour les Lionnes de Reynald Pedros. D’entrée elles seront confrontées à l’Allemagne, vice-championne d’Europe 2022, et deux fois championne du monde (2003 et 2007), le 24 juillet à 9h30 (GMT+1). L’équipe nationale défiera ensuite la Corée du Sud, finaliste de la Coupe d’Asie le 30 juillet à 5h30, avant de croiser le fer avec la Colombie, finaliste de la dernière Copa America, le 3 août à 11h30.


L’importance du premier match dans ce genre de compétition au plus haut niveau n’est plus à prouver. Hoalid Regragui a pris la peine de justifier son choix de jouer avec prudence contre l’expérimentée Croatie de Luka Modric, premier adversaire des Lions lors de l’épopée du Qatar. « L’essentiel, est de ne pas perdre pour ne pas se retrouver dos au mur dès la deuxième journée  », avait si bien résumé Rass l’Avocat, lors d’une première conférence de presse d’après match à Doha.


Face à l’Allemagne, l’une des nations pionnières du football féminin, la responsabilité est d’autant plus grande et la marge d’erreur est encore plus infime. « On se retrouve dans un groupe de Coupe du Monde relevé, mais on peut battre n'importe quelle équipe en travaillant dur  », commentait la capitaine, après le tirage au sort de la Coupe du Monde. Un discours rassurant à l’approche du premier match contre l’un des grands favoris de la compétition, des paroles qui prouvent que les Lionnes n’ont pas froid aux yeux, une première étape pour oser rêver grand dans les compétitions de football.


Qui plus est, l’Allemagne sera diminuée et privée de deux de ses meilleures joueuses, la défenseure Marina Hegering et la milieu Lena Oberdorf. « On dirait bien que nous ne pourrons compter ni sur l'une ni sur l'autre », annonçait Martina Voss-Tecklenburg, la sélectionneuse allemande, qui promet que ses joueuses « iront au-delà de leurs limites » pour aller au bout de la compétition, malgré quelques effets du décalage horaire encore quelques fois, ressentis.


Comme les Allemandes, les Lionnes remontées à bloc, se disent conscientes de la responsabilité d’honorer le maillot, mais n’oublieront pas pour autant de profiter du « big stage » dont elles ont tant rêver, alors qu’elles jouaient avec les garçons, dans les rues ou dans les petits clubs qui acceptaient que les filles puissent partager le terrain avec leurs équipes masculines.


« C’était un bonheur indescriptible. On a réussi à entrer dans l'histoire et à se qualifier pour la Coupe du Monde pour la première fois de l'histoire du football féminin marocain. Honnêtement, c'est un sentiment incroyable qu'on n'oubliera jamais », confiait Chebbak à la FIFA, elle qui découvert les joies du football dans les équipes de garçons au quartier, et au Rachad Bernoussi, avant d’enchaîner ensuite, Raja, Wydad et AS FAR où elle remportera 10 championnats et une Ligue des Champions.


Avant de mener la première génération de joueuses marocaines à la Coupe du Monde, Chebbak, à l’image de ses 9 autres coéquipières formées au pays, revient de loin, et représente aujourd'hui l'une des voix du changement pour les femmes et jeunes filles marocaines.


Issue d’une société qui a toujours du mal à faire accepter aux plus réticents et misogynes que des jeunes filles peuvent porter un short, jouer au football et même leur procurer des émotions sur le terrain, Ghizlane fait partie de celles qui parviennent à changer les idées reçues, bousculer les préjugés et les clichés. Chebbak, comme Assia Zouhir la gardienne remplaçante des Lionnes, réagit aux moqueries par le sourire, et réponds à ceux qui lui demande de « retourner à la cuisine », qu’elles, en tant que femmes libres marocaines, « savent faire les deux, jouer au football, et bien cuisiner ». Dans le jargon du foot, une telle réponse vaut une frappe en lucarne.

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