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#Football Leaks
12.11.2018 à 16 H 04 • Mis à jour le 12.11.2018 à 16 H 04 • Temps de lecture : 22 minutes
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Les coups tordus d’Aspire, l’usine à jeunes footballeurs africains du Qatar

Football Leaks Des rapports confidentiels de la Fifa dénoncent les méthodes de l’académie qatarie Aspire, qui a fait venir en Europe des dizaines de footballeurs africains mineurs dans l’espoir d’en intégrer certains à l’équipe nationale du Qatar. Une enquête du réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC) dans le cadre de la deuxième saison des Football Leaks, la plus grande fuite de l’histoire du journalisme

Il s’agit « d’une perversion du système et cela ne doit pas se produire ». L’homme qui parle ainsi, en juin 2013, est Jérôme Valcke. Alors secrétaire général de la Fifa(1), il s’insurge contre les effets du programme Aspire lancé par le Qatar pour recruter des jeunes sur le continent africain. « Ils détectent des talents, les entraînent et les éduquent, ce qui est bien, mais ils s’assurent aussi que les meilleurs obtiennent la nationalité qatarie afin de construire une solide équipe nationale », suspecte-t-il.


Marco Villiger, alors directeur juridique de la Fifa, abonde : « Ils veulent placer des mineurs qataris dans des clubs européens pour former une équipe du Qatar solide pour 2022. » Mais la Fifa baissera vite les bras contre ce programme dénommé Aspire Football Dreams (AFD), comme le révèlent les documents Football Leaks obtenus par Der Spiegel et analysés par Mediapart et ses partenaires du réseau EIC.


Pourtant, la Fifa a enquêté. Dans son « Spot Audit Report » d’avril 2014 sur la fédération belge (URBSFA), Barry Lysaght se penche sur le club belge d’Eupen, acheté en 2012 par QAZF (Qatar Aspire Zone Foundation) et entraîné depuis novembre 2017 par Claude Makélélé. « KAS Eupen est la propriété de QAZF, qui gère un réseau global d’académies de football, de repérage de mineurs et de développement de jeunes dans les pays sous-développés, principalement l’Afrique », explique l’enquêteur du service Intégrité et conformité. Une fois repérés, les mineurs sont transférés de leurs clubs dans les académies Aspire, « où ils restent quatre ans, après quoi ils sont souvent transférés internationalement dans des clubs qui appartiennent à QAZF, comme Eupen, juste avant ou juste après leurs 18 ans ».


Les installations sportives d'Aspire à Doha, au Qatar. © Aspire


Et dans ces mouvements, les règles de base ne sont pas respectées, selon Lysaght. Quinze joueurs africains ont été transférés d’Aspire au KAS Eupen « avec un enregistrement erroné ou inexistant dans TMS », le « Transfer Matching System », système de régulation de la Fifa qui gère et contrôle les transferts. Aucun enregistrement en tant que mineur n’a été réalisé, et Aspire n’apparaît pas sur les documents. Seul le club initial est mentionné, comme si Aspire n’existait pas.


L’audit de la Fifa suspecte également une fraude relative aux passeports : « Les passeports de certains joueurs ont un visa pour entrer dans la zone Schengen qui a été délivré au Qatar. Il semble donc que les joueurs ont été transférés au Qatar, alors qu’ils étaient mineurs. Après ça, de fausses informations ont été rentrées dans le système [TMS] de la Fifa pour cacher ça », tacle l’audit. Cette pratique semble conçue pour contourner les règles de la Fifa, qui interdit les transferts internationaux de joueurs mineurs qui ne sont pas motivés par un déménagement des parents.


Une « dissimulation » pour laquelle Eupen est, aux yeux de l’auteur de l’audit Barry Lysaght, aussi responsable que la fédération qatarie. En 2012, seize Sénégalais arrivent dans le club belge en provenance de l’académie Aspire à Saly (Sénégal), où les Qataris ont une installation et où ils jouaient depuis leurs 13 ans. Thomas Herbert, directeur financier de Eupen, avoue à Lysaght : « Parfois, ils viennent en Belgique quelques semaines avant leur 18e anniversaire mais, en raison des coûteuses obligations que représente l’enregistrement des mineurs, ils ne sont enregistrés que quand ils ont atteint 18 ans. »

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