Hynd Bouhia lors du StartUp Africa Summit, en décembre 2018 à Rabat. (Capture vidéo Youtube/Courtesy Challenge)

08.05.2019 à 01 H 44 • Mis à jour le 22.06.2020 à 13 H 53 • Temps de lecture : 12 minutes
Par Ali Amar

Affaire Global Nexus: «l’argent sale» d’une femme d’influence

ENQUÊTE Hier adulée, Hynd Bouhia, ex-directrice de la Bourse de Casablanca, passée par la Banque mondiale, le cabinet Jettou et la CDG, est au centre d’un scandale inédit dans les annales de la finance. Sa société de gestion, Global Nexus, fait l’objet d’une plainte documentée de 200 pages auprès de l'AMMC pour « abus de confiance et escroquerie », dont Le Desk publie la saisine. L’affaire, constellée de conflits d’intérêts, risque d'aller au pénal. Elle est suivie en haut lieu à Rabat

Le dossier épais de 200 pages produit par H&A Investment Holding (Famille El Fehdi) et son cabinet conseil Afrique Advisors, dont Le Desk publie ci-dessous la saisine déposée le 29 mars auprès de l’AMMC (l’autorité des marchés des capitaux), sonne comme un véritable réquisitoire contre Hynd Bouhia, 46 ans, ancienne directrice de la Bourse de Casablanca, aujourd’hui à la tête de Global Nexus, une société de gestion en capital, dont elle détient 52 % aux côtés de Douja Atlagh à 24 %, Hassan Bouhia à 20 %, Nibrass Bouhia à 2 % et Mouna Bouhia à 2 %.

Global Nexus, fondée en 2015, gère le fonds Green Innov Invest (GNII) titulaire depuis 2017 d’un visa de l'AMMC pour collecter l’épargne publique. Il découle de l’initiative étatique Innov Invest destinée au soutien des start-ups innovantes. Capée à 500 millions de dirhams, celle-ci n’a bénéficié à ce jour que d’un engagement de 220 millions de dirhams, dont 50 millions auprès de la Caisse Centrale de Garantie (CCG).

L’Institut de Recherche en Energie Solaire et Energies Nouvelles (IRESEN) et la société privée Sefinia participent également au fonds GNII, spécialisé dans l’investissement et le financement d’industries labellisées développement durable.

H&A Investment Holding clôture le tour de table. Les quatre investisseurs ont débloqué jusqu’ici 25 millions de dirhams au titre de la première tranche, mais sont déjà en conflit ouvert avec la société gestionnaire accusée d’avoir notamment orienté illégalement les fonds vers des investissements incompatibles à son objet sans compter diverses irrégularités relatives à la gouvernance du fonds, aux procédures de souscription, d’inscription aux parts, et à l’égalité de traitement entre investisseurs.