n°434.En Algérie, «l’armée va chercher à perpétuer le système»
Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, ne mourra pas au pouvoir. Après vingt ans de règne et plus d’un mois de contestation populaire l’appelant à « dégager » lui et son système, il a quitté le pouvoir de manière piteuse. Éjecté par le peuple algérien et l’armée.
Lors d’une apparition brève et surréaliste, recroquevillé dans un fauteuil roulant, comme à son habitude depuis qu’un AVC l’a frappé en 2013, cette fois vêtu d’une djellaba, il a lu sa lettre de démission mardi 2 avril. Comme s’il semblait en découvrir le contenu.
Et cette date actant la démission forcée d’un homme à bout de souffle, marionnette d’une clique opaque et corrompue, validée dès le lendemain par le conseil constitutionnel, est entrée dans l’Histoire de l’Algérie, ouvrant une période de transition complexe en même temps qu’un champ infini d’espoirs mais aussi d’incertitudes.
Selon l’article 102 de la Constitution activé sur injonction de l’armée qui a sommé le clan Bouteflika de démissionner, c'est le président du Conseil de la nation, la chambre haute du parlement, le décrié Abdelkader Bensalah, 77 ans, pur produit du régime, qui est chargé d'assurer l'intérim pendant 90 jours maximum. Il devra dans ce délai organiser une élection présidentielle à deux tours et remettre le pouvoir au nouveau chef de l'État élu lors de ce scrutin auquel, en tant que président par intérim, il ne peut se présenter.
Dans cette Algérie nouvelle qui a fait tomber les frères Bouteflika, et se prépare à leur demander de rendre des comptes ainsi qu’aux figures les plus honnies ayant prospéré dans leur sillage, à l’instar de l’homme d’affaires Ali Haddad, les tentacules mafieux restent multiples. Et une transition conduite par l’armée reste vue d’un très mauvais œil par les millions d’Algériennes et d’Algériens qui manifestent, se préparent à « vendredir » (le nouveau verbe pour dire « manifester chaque vendredi ») depuis plus de sept semaines.
Tandis qu’une nouvelle grande journée de manifestation se prépare donc ce vendredi 5 avril et alors qu'une nouvelle lettre attribuée au président démissionnaire a été rendue publique demandant « pardon » au peuple, la crainte est grande de voir le régime s'autorégénérer.
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