Frontières: le Conseil de l’Europe demande à l’Espagne de suspendre sa coopération avec le Maroc
Le Conseil de l'Europe, organisation intergouvernementale dédiée à la protection des droits humains, demande au gouvernement espagnol de suspendre sa coopération avec le Maroc en matière de contrôle des frontières, apprend-on ce mercredi.
D'après l'agence EFE, la demande prend en compte la gravité de ce qui a pu se passer lors du saut massif de la clôture de Melilla le 24 juin et lors d'occasions précédentes, fait-on savoir.
« Dans un rapport publié mercredi sur sa visite en Espagne en novembre, et qui comprenait notamment une étape à Melilla, la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, est particulièrement dure dans son diagnostic des faits et réclame des changements radicaux dans la gestion de l'immigration, en particulier dans cette ville autonome et à Ceuta », ajoute EFE.
« Mijatovic demande ouvertement au gouvernement de demander aux forces de l'ordre d'agir dans le respect des normes internationales en matière de droits de l'homme lorsqu'elles arrêtent des immigrants aux frontières de Ceuta et de Melilla, y compris une interdiction explicite et immédiate des expulsions », précise la même source.
« Elle insiste sur le fait que l'Espagne a l'obligation absolue de veiller à ce que toute personne qui a été sous sa juridiction, une fois expulsée, ne soit pas maltraitée, torturée ou sa vie mise en danger », poursuit-on.
« La commissaire, qui fait référence à plusieurs reprises aux événements du 24 juin dans lesquels au moins 23 migrants ont été tués, plusieurs centaines ont été blessés et certains sont portés disparus, affirme qu'il existe des "rapports cohérents" prouvant que le Maroc a utilisé la violence contre eux, qu'ils ont été soumis à de graves mauvais traitements », peut-on lire de l'agence de presse espagnole.
Il fait également allusion à l'épisode de l'entrée massive du Maroc de plus de 8 000 personnes à Ceuta du 17 au 19 mai 2021, dont 6 000 ont été immédiatement expulsés, apprend-on de même source.
La responsable des droits de l'homme au Conseil de l'Europe s'inquiète car, bien qu'elle ait déjà écrit au ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, pour lui demander un examen de la coopération avec le Maroc « pour prévenir de futures tragédies », elle estime « qu'aucune étape concrète n'a été prise ».
Bien qu'elle dise comprendre que l'Espagne fait fréquemment face à des « situations complexes » dans la gestion de la migration compte tenu de la situation géographique de Ceuta et Melilla et des flux en direction de l'Europe et estime qu'il est urgent d'améliorer la solidarité entre les États européens, pour l'Espagne « il est impératif » de protéger les droits des réfugiés, souligne EFE.
Dans sa réponse au rapport de la commissaire, le gouvernement espagnol fait quelques remarques, notamment que les expulsions à chaud n'ont été censurées ni par la Cour européenne des droits de l'homme ni par la Cour constitutionnelle lorsqu'elles ont dû être abordées, relève EFE.
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