1 563 : ce chiffre impressionnant, annoncé ce samedi matin par les autorités turques, est celui du nombre d’officiers militaires arrêtés après la tentative de coup d’État en Turquie par un mystérieux “Comité pour la paix”. S’il est authentique, il montre à quel point le régime d’Erdogan est passé près du seul coup d’État dont il se pensait à l’abri, celui de la seule institution, en tout cas, qu'il épargnait dans ses envolées paranoïaques depuis 2013 : l’armée. Ce samedi 16 juillet, cinq généraux et vingt-neuf colonels ont été démis de leurs fonctions.
« L’armée qui sort des casernes, c’est un phénomène finalement assez rare dans l’histoire turque, davantage marquée par des coups d’État institutionnels », estime Jean Marcou, chercheur à Grenoble et spécialiste de la Turquie. En effet, l’histoire de ce pays est faite de longues périodes de marginalisation de l’appareil militaire, auxquelles répondent ces « coups d’État institutionnels » – comprendre : sans affrontement armé.
Un régime autoritaire
Le pouvoir d’Erdogan est véritablement le seul à avoir bouleversé cet “équilibre” et à projeter la Turquie dans une nouvelle ère dont on peine aujourd’hui à déterminer les contours, alors que le régime du président turc s’affirmait de plus en plus ces dernières années comme un régime autoritaire, écrasant un à un tous les contre-pouvoirs possibles.
Après l’établissement en 1923 de la première République de Turquie sous Mustafa Kemal, dit “Atatürk” – un militaire qui eut à cœur de promouvoir un régime civil –, l’instauration du multipartisme en 1946 et plus encore la victoire en 1950 du parti démocrate contre le camp kémaliste marquent la marginalisation de l’armée dans le paysage politique. Deux coups d’État, en 1960 et, surtout, en 1980, remettent les militaires sur le devant de la scène, avant qu’un pouvoir civil ne reprenne peu à peu le dessus. En février 1997, au cours de ce que les Turcs appellent alors le « coup d’État post-moderne », l’armée fait pression en imposant un mémorandum qui précipite la démission du premier ministre musulman conservateur, Necmettin Erbakan, et la chute de son gouvernement de coalition. L'armée s'est offert quelques années de sursis.
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