En-Nesyri met enfin tout le monde d’accord
Trois matchs, sept points et une première place du groupe plus tard, Youssef En-Nesyri a enfin mis tout le monde d’accord : il est bien le titulaire du poste d’avant-centre dans cette équipe nationale du Maroc. Malgré des statistiques avec le Maroc tout juste moyennes (16 buts en 53 matchs disputés), malgré un début de saison famélique au FC Séville (10 matchs 0 buts cette saison), malgré également des qualités intrinsèques mitigées de footballeur qui en font un OVNI dans le monde professionnel actuel, son abattage dans ce premier tour de Mondial qatari ne laisse plus de doutes sur qui doit mener le front de l’attaque marocaine. C’est lui et bien lui, contre vents et marées, en vert (blanc ou rouge) et contre tous.
Et ce n’était pourtant pas gagné d’avance pour ce grand échalas (1,92m) natif de Fès, qui a beaucoup fait parler de lui bien avant l’annonce de la liste des 26 du sélectionneur Hoalid Regragui, qui a longtemps maintenu que non seulement En-Nesyri serait de la partie, mais qu’en plus il serait dépositaire du poste. Pour la raison simple qu’il est celui qui correspond le mieux au style qu’il veut imprimer à son équipe. Un athlète qui court et presse beaucoup l’adversaire, le premier vrai rideau défensif de cette équipe du Maroc.
Les supporters marocains ne l’entendent pas forcément de cette oreille : un gars qui ne marque pas, contrôle difficilement, se déplace mal et ne délivre pas de passes décisives à ses partenaires, titulaire en attaque ? Une hérésie pour les fans marocains qui ont, en plus, le remplaçant tout trouvé : Abderrazak Hamed-Allah, buteur d’El Ittihad en Arabie Saoudite, après avoir fait le bonheur de clubs au Qatar, en Chine et même en Norvège. Une sacrée tête brûlée qui a créé le conflit quasiment partout où il est passé, mais un sacré buteur, surtout.
Sauf que, sauf que… Depuis le début de ce mondial, les choses ne sont pas si simples. Les rentrées de Hamed-Allah pour les 20 ou 30 dernières minutes de chaque match sont loin de convaincre : lent, maladroit, emprunté, il est loin du sérial buteur qu’il a longtemps laissé entrevoir.
A contrario, Youssef En-Nesyri, certes toujours aussi maladroit avec un ballon dans les cannes, fait étalage de toutes les raisons pour lesquelles Regragui le regarde avec les yeux de Chimène : une générosité sans borne dans l’effort, une rigueur tactique infaillible, et l’impression qu’il continuera de courir jusqu’à s’en péter les rotules. 244 minutes jouées au Qatar en 3 matchs (contre 262 en 2018 en Russie), deux buts dont un refusé pour un hors-jeu de position (d’Aguerd) contre le Canada hier, un pressing qui amène le premier de Hakim Ziyech, et un délice de passe de l’extérieur du gauche à Hamed-Allah qui aurait pu être décisive, dans les toutes dernières minutes du match.
En-Nesyri a fini par fermer des bouches et s’impose donc, enfin, dans l’esprit de tous, comme le titulaire de l’attaque de cette équipe nationale marocaine. A défaut de grives, on mange des merles, dit-on. Sauf que celui-ci dégage désormais, une saveur insoupçonnée jusque-là…
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